La Terrasse

Le 30 mars 2016, Cendrillon Par Anaïs Heluin

Implantée en Région Pays de la Loire, la compagnie Le Temps est Incertain mais on joue quand même ! ouvre la saison du TGP à
Saint-Denis (93) avec Cendrillon de Joël Pommerat.

 

la-belle-mere-et-les-soeurs-de-cendrillon-au-bal
L’arrivée devant la porte du palais dans Cendrillon. Crédit : Pascal Riondy

Camille de la Guillonnière et sa compagnie ont présenté leur Cendrillon lors de l’été 2015 à Saint-Martin-de-la-Place, Soulaire-et-Bourg, Ecouflant et dans une vingtaine de communes. Sans avoir cherché à imiter le grand représentant français de l’écriture de plateau, la troupe s’empare de sa pièce avec une belle simplicité. Comme elle le fait avec un répertoire varié depuis sa création en 2006, dans le cadre de la Tournée des villages qu’elle organise chaque mois de juillet. La scène nationale la plus proche – celle de Saint-Nazaire – ne pouvant aller à la rencontre de tous les publics des villages, la compagnie Le Temps est Incertain mais on joue quand même ! composée de 25 comédiens issus de l’école parisienne Claude Mathieu s’en charge à sa manière. Modeste et généreuse.

cendrillon-et-la-fée-joel-pommerat
Conte mortuaire
Comme pour « Tango » de Slawomir Mrozek, « La Noce » de Bertolt Brecht et « La Cerisaie » de Tchekhov, ses précédentes créations, Camille de la Guillonnière opte pour une forme minimaliste. Sur un plateau presque nu, la Cendrillon garçonne, son affreux prince et tous les anti-héros de sa famille imaginés par Pommerat n’ont recours à aucun autre artifice que ceux du jeu et de la lumière. Il faut dire que le conte de Pommerat n’a rien du merveilleux de Grimm ou de Perrault. Sa Cendrillon se prénomme Sandra, et passe son temps à écraser les cigarettes d’un père qui fume comme un pompier. Derrière une certaine naïveté, cette réécriture d’une histoire populaire interroge les failles de la famille moderne. Ses hypocrisies et ses difficultés à communiquer.
Son occultation de la mort, que Camille de la Guillonnière a tenu à mettre en avant dans sa mise en scène. Il prouve ainsi l’ouverture des œuvres de Joël Pommerat à l’interprétation et à des formes autres que celles, très identifiables, développées par l’auteur.