Sur le terrain de basket qui jouxte la Maison de quartier Floréal, vendredi 23 septembre peu avant 18 h, des chaises sont placées devant une petite scène recouverte de noir. Des gamins s’exercent à passer des paniers. Le TGP a programmé ici même la première des représentations de Cendrillon « hors les murs ». Cette pièce de Joël Pommerat écrite à partir du conte populaire, a été mise en scène par Camille de La Guillonnière, complice de Jean Bellorini, le directeur du TGP. Ce spectacle a été conçu pour être joué en plein air, dans des lieux non dédiés au théâtre. À quelques minutes du début du spectacle, on sent poindre une légère inquiétude, qui sera vite dissipée lorsque, en quelques instants, les chaises furent quasiment toutes occupées. Une bonne centaine de personnes se sont déplacées, pour le plus grand plaisir des représentants du TGP. Au premier rang les plus jeunes, pêle-mêle derrière les mamans avec ou sans poussettes, les habitants du quartier, les adeptes de théâtre, les fidèle de cette compagnie au nom en forme de devise : Le Temps est incertain mais on joue quand même ! Il faisait ce soir-là un temps superbe, le spectacle pouvait donc commencer de la meilleure des façons.

« Je vais vous raconter une histoire… » Les premiers mots d’une des comédiennes ont immédiatement invité au silence et à l’écoute. Même si, de chaque côté du public, des enfants ont continué à jouer durant toute la représentation. Mais ceux des premiers rangs et les adultes derrière n’ont pas raté une miette de cette histoire savoureuse, pleine d’humour sur un sujet difficile (le deuil, l’apprentissage de la vie), portée par des comédiens excellents et visiblement habitués à jouer en plein air et dans des conditions pas faciles. Enlevé, rythmé, poétique et drôle, le spectacle a su, 1 h 40 durant, retenir l’attention du public qui a manifesté un bel enthousiasme au moment du salut. Et après, puisque plusieurs spectateurs sont restés afin de parler aux comédiens, vite rassurés quant à la perception de leur prestation. Les sourires restaient sur les visages, les bravos se répétaient et spectateurs et acteurs partageaient un bonheur commun. Tout comme Camille de La Guillonnière, qui soulignait la qualité de cet accueil. « Nous avons plutôt l’habitude de jouer sur des places de village, mais ici, entre ces tours, c’est aussi une belle expérience », disait-il. Deux autres représentations de Cendrillon sont programmées à Saint-Denis. On aurait tort de les manquer.